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Mon ado, ce gros naze que j’aime

Sorte de Trivial Pursuit dédié crise d’ado, le livre récréatif «Mon ado est un gros naze… mais je l’aime» de Laurent Storck et Sylvia Kahn se lit d’une traite et détend les méninges. Le blog l’Enjeu de l’ado s’est penché sur ce guide déculpabilisant pour Desperate parents.

L’ado est-il vraiment un gros naze ?

A priori, tout le monde est d’accord, établir un dialogue avec un ado relève du miracle. Ayant élevé plusieurs spécimens des “jeunes adultes en mutation”, les auteurs l’affirment tout en s’amusant : parents, vous êtes prévenus, ce sera trois à cinq ans de galère ! Mais pourquoi se pourrir la vie ? Oui, l’ado est un gros naze, mais on peut se soigner et en rire. Il est naze car son cerveau est en pleine ébullition chimique. Mais en fait y peut-il quelque chose? (un sujet à retrouver sur notre blog prochainement).

Comment continuer sa vie d’adulte tout en hébergeant un ado zombie ?

Laurent Storck et Sylvia Kahn savent qu’entre angoisse, emmerdements et engueulades, on ne peut pas choisir, on subit. Les auteurs ont voulu un ton décalé, et surtout prouver aux parents qu’ils ne sont pas seuls, en leur donnant des clefs : apprendre à dire non, essayer de comprendre pourquoi l’ado est mou ou fait la tête, dévoiler la vérité sur ses dépenses, ou bien encore les sujets à éviter avec lui.

Oui, on peut continuer sa vie de parent en restant fidèle à ses valeurs. Ce n’est pas parce qu’un mort vivant habite la chambre du fond du couloir qu’on va changer de vie !

Bien dialoguer avec l’ado, c’est possible ?

Oui, à condition d’avoir de l’humour, de ranger son ego dans le fond de sa poche, de cultiver la flexibilité et l’amour inconditionnel. Mon ado est un gros naze traduit pour vous : Quand il dit «J’ai pas faim», ça veut dire : je viens d’engloutir trois jambons beurre. Ou «La vie est nulle» veut dire « La vie est nulle… avec vous ». Mon ado est un gros naze reformule pour vous : Chers parents, ne pas dire «Quand tu seras majeur», mais dire «Quand tu seras chez toi» !

Bref ne pas rompre le dialogue est la clef. Tout est dans la subtilité. Exemple ne pas dire : «Tu es bien comme ton père », sauf si vous avez déjà divorcé de son père !

Comment affronter la crise sans trop de séquelles?

La lecture se poursuit, comme on sirote une bonne bière, à coup de mise en page, en gras en gros, entre parenthèse : A quoi sert un ado, Comment vous venger de votre ado, émaillé de Conseil totalement inutile comme «Ne jamais emmener un ado en vacances, jamais», Votre ado doit-il consulter un psy ? (un de nos passages préférés), Votre ado doit rendre un exposé (autre passage préféré), la définition de DM, d’un DST, Mon ado d’extérieur, Comment gérer le mode chantage. Ouf, elle kiffe les vieux (remake de Devine qui vient dîner ce soir en positive attitude, on adore ! ). On sent tout de même que les deux auteurs en ont bavé, et pas qu’un peu…

Négocier avec l’ado, une réponse ?

La négociation avec l’ado est en fait le pivot du livre, tout comme la négociation à faire avec soi-même (bien choisir ses mots face à l’ado, s’empêcher de crier, de confisquer, de punir, …). Mais surtout pas en mode «Passe ton Bac mais range ta chambre d’abord» ! Plutôt sous la forme de Bons de négo à découper (que les auteurs se délectent à appeler «chantage» comme «Vider le lave-vaisselle contre une sortie avec des potes». Bref, du donnant-donnant plutôt que la guerre. Et un gros focus sur le pouvoir hypnotisant de la « sortie entre potes ».

Vous l’avez compris, l’adolescence est une période naze, pour tous. Mais nécessaire. Alors dites-vous bien qu’il vaut mieux avoir un ado qui résiste, se cherche et s’affirme pour enfin se trouver, plutôt qu’un ado qui dit oui à tout, reste un Tanguy et qui se réveille à 40 ans pour faire une belle crise de milieu de vie ! Savoir accompagner son ado est un Enjeu de parents.

«Mon ado est un gros naze… mais je l’aime» de Sylvia Kahn et Laurent Storck, aux Editions Jungle, paru en 2014